Voyage et partage

Nous sommes un couple de professeurs des écoles des Côtes d'Armor : Solveig Launay et Laurent Vivier. Notre association Voyage et Partage a pour objectif de partager notre passion du voyage, d'attiser la curiosité en montrant la diversité du monde et d'aider au recul des préjugés. Elle a été mise en place pour décliner les actions en aval d'un projet éducatif itinérant portant le même nom.

Plus qu'une simple profession, l'enseignement est pour nous une manière d'agir positivement dans notre société en accompagnant les enfants dans l’élévation vers leur statut de citoyens, à l'échelle locale, de leur pays et aussi du monde.
L'un comme l'autre avions un désir ancien de découvrir d'autres cultures, de nous ouvrir à d'autres manières de vivre et d'appréhender le monde, afin d'enrichir nos expériences personnelles et professionnelles. L'idée d'allier le voyage et l'enseignement s'est donc imposée à nous.
Notre projet, intitulé « Voyage et Partage », eut pour objectif général de voyager en itinérance, pendant deux ans, afin d'aller à la rencontre des éducateurs de chaque pays traversé et de partager avec eux les méthodes pédagogiques.

Sur ce blog vous trouverez les articles sur le Brésil, le Paraguay, la Bolivie, le Pérou, l'Equateur, la Colombie, Madagascar, le Burundi et le Burkina Faso. Pour aller jusqu'au bout du voyage rendez-vous sur le second blog en cliquant ici. Vous poursuivrez la route avec nous au Bénin, au Sénégal, au Cap-Vert et au Maroc.


Depuis notre retour en France nous avons repris notre métier à temps partiel afin de réaliser des actions :
. des interventions dans les écoles et les bibliothèques pour échanger avec les enfants (diaporama et ateliers « sensoriels » sur notre voyage
. des projections et échanges autour du film du voyage dans diverses structures
. des expositions photos
A travers celles-ci, nous souhaitons communiquer notre passion du voyage, attiser la curiosité en montrant la diversité du monde en termes de culture, de paysage, de patrimoine, de mode de vie, de nourriture, montrer une autre facette du monde et aider à lutter contre les préjugés.
Pour mettre en place ces actions il suffit de nous contacter et de définir ensemble une date.


…Ce midi-là / La vie était si égarante et bonne / Que tu lui as dit ou plutôt murmuré "vas-t'en me perdre où tu voudras" / Les vagues ont répondu "tu n'en reviendras pas" (Extrait d´un poème de Nicolas Bouvier)

Pour nous joindre : voyageetpartage@aol.fr



samedi 4 août 2012

Madagascar - du 1 juin au 18 juillet 2012 / Burundi du 6 juin au 21 juillet 2012

Durant un mois et demi, nous avons voyagé chacun dans un pays différent.
Je me  suis rendu à Madagascar pour honorer une promesse et réaliser un rêve d'enfant.
Solveig a mis le cap sur le Burundi où travaille sa soeur depuis plus d'un an et demi , retrouvailles en famille et interventions en perspective.

                                      

Madagascar et le Burundi deux pays parmi les dix pays les plus pauvres du monde. Le Burundi, ravagé par dix ans d'une guerre civile qui ne resta pas cantonné au Rwanda, Madagascar s'empêtrant les pieds dans des crises politiques qui s’enchaînent depuis quarante ans. Malgré cela comme dirait un certain Richard Bohringer "L'Afrique me prend dans ses bras. Je la sens, je la hume, la renifle, comme la vie."...
Un périple en Afrique de l'Est que nous partageons avec vous...

Il y a plus de 50 ans, mon grand-père, jeune militaire parti sur un bateau en fer pour un tour du monde, atteignait les côtes malgaches. Il y a 20 ans, je disais qu'un jour je verrai des baleines. Il y a la réponse positive de concerts et d'interventions dans le sud de Madagascar. Mon premier pays d'Afrique fut tout trouvé!
Je débarque avec mon père à qui j'ai proposé de voyager avec moi pendant une bonne dizaine de jours.

Dès l'arrivée, sur la route entre l'aéroport et le centre ville, c'est la "claque" pour lui qui n'a encore jamais voyagé, pour moi qui me dis alors "je repars à zéro...". C'est fantastique, nous sommes perdus et éblouis!
Rapidement nous quittons la capitale foisonnante et fatigante, direction Diego Suarez au nord.
"Antsiranana" de son vrai nom malgache, la ville est un ancien port militaire français. Installée sur une presque île elle peut se vanter d'avoir une des baies les plus grandes du monde. Comme à Rio se trouve...le pain de sucre, îlot montagneux d'ailleurs représenté sur les billets de 2000 ariary, la monnaie du pays.

La ville n'est pas très reluisante, le tourisme sexuel s'affiche au grand jour en toute tranquillité.

Le charme de Diego c'est ses taxis quatre ailes qui quadrillent la ville. Avec ce mode de transport nous partons découvrir les environs qui sont splendides, il faut le dire.

La première rando nous entraîne du village de Ramena à la baie de Sakalava le long de plages désertes plus magnifiques les unes que les autres.


Des vestiges de la colonisation française dans le paysage...

Plus tard, nous décidons de nous rendre à la mer d'émeraude, au-delà de la baie.
Nous partons en bateau sur un lieu presque paradisiaque (s'il n'était pas aussi connu).



La couleur de la mer est d'un vert très limpide, c'est assez incroyable.


Et hop! Premier bain dans l'océan indien pour mon père (pas rassuré par les requins...)!
Pendant ce temps on nous pêche de "petits" poissons qu'on nous prépare ensuite, un vrai régal!


Un autre jour nous partons pour la "montagne des français". Un fort était construit en haut dans le passé et, du sommet, on domine la baie. Un panorama splendide s'offre à nos yeux.




Ils émergent de la végétation...les baobabs, ces arbres rois que les dieux, jaloux de leur beauté, auraient jadis plantés à l'envers.
Notre premier caméléon en direct, les malgaches sont très forts pour les repérer malgré leur mimétisme.

Ce qui est beau à Diego c'est son coucher de soleil et ses habitants qui se rassemblent en fin de journée sur la place donnant sur le port pour admirer le spectacle tout en parlotant.

Seconde étape : la montagne d'ambre, une forêt tropicale humide, très humide!
Nous suivons le guide une journée. L'humidité est importante mais les sangsues, qui nous sautent dessus le long du chemin, bien plus encore!

Nous sommes dévorés...


La végétation exubérante vaut quand même le détour.

La star du parc aussi : mesdames, messieurs, sous vos yeux ébahis, le plus petit caméléon du monde dans sa taille adulte!


Épuisés par cette marche difficile, les attaques de sangsues et l'humidité nous arrivons en piteux état au monastère de Joffreville où les soeurs nous refont une santé (façon de parler).


En quittant ce paisible lieu nous sommes prêts à reprendre la route, direction "le lac sacré".
Repas malgache sur le chemin, riz, riz et riz...


Selon la légende, les habitants d'un village auraient été jadis transformés en crocodiles par une magicienne à qui ils avaient refusé de donner de l'eau. Aujourd'hui encore les crocos de ce lac sont "fady", c'est-à-dire sacrés. On leur fait des offrandes pour une faveur, célébrer un mariage...

On ne doit pas les pointer du doigt sous peine d'enfreindre la tradition, il faut le plier.

A deux mètres de la rive où se trouvent les charmants animaux enfin les humains métamorphosés, le lieu de sacrifice des zébus. Beaucoup de sang par terre, la veille a eu lieu une cérémonie.



L'appel de la route, à nouveau dans la quatre ailes, nous nous dirigeons vers le parc d'Ankarana.

Nous partons le lendemain avec un guide très sympathique pour découvrir le parc.

Les "tsingy" véritable forêt d'aiguilles calcaires s’étendent à perte de vue.
Dans le passé des tribus opprimées s'y seraient réfugiées ou les auraient traversées pour échapper à leurs poursuivants.

L'animal phare de Madagascar, j'ai nommé le lémurien!
Le retour vers le camp a des allures de savane, mais où sont les lions et les éléphants?

Le soir nous nous gastrorons de potamachère.

Nous assistons aussi à deux matches de l'euro 2012 dans la seule télévision du village, moi qui n'aime pas le foot suis pourtant fasciné par l'ambiance. A chaque but c'est une vraie hystérie, tout le monde saute dans tous les sens dans la case et hurle de joie (selon l'équipe qu'il supporte bien sûr). J'en profite pour sortir discrètement mon enregistreur.



Suite du périple, à Ambanja nous attend la famille d'une amie de la mère de Solveig. Nous sommes chaleureusement accueillis. 

Une demie case nous est réservée en face de leur maison.

J'interviens dans l'école de l'un de ses frères sur deux jours. Nous chantons bien sûr, faisons des mathématiques, de la géographie, enregistrons des poésies...Les conditions pour enseigner ne sont pas faciles, les classes sont surchargées et d'étroites cloisons les séparent.


                                      
Tant que les classes seront ainsi surpeuplées (60,70,80,90 parfois!) il est impossible de varier sa pratique pédagogique. Je rêve d'un monde avec des classes de 20 élèves dans tous les pays...rêver et le dire haut et fort c'est lutter...
              
Mais le frontal peut être motivé, faire de la conjugaison en chantant, des mathématiques en jouant, de la géographie en coopérant...

Dans une classe, j'enregistre des poèmes que les enfants tiennent à me réciter.

En français :

En malgache :

Distribution de matériel scolaire offert par des membres du G.R.E.EN 22 (Groupe de Réflexion et d'Echange sur l'Education Nouvelle dans les côtes d’Armor).



Deux jours intensifs et c'est le départ, mon père doit rejoindre la capitale où son avion décolle dans trois jours pour la France. Une cérémonie improvisée par le directeur et les élèves me fait chaud au coeur malgré le côté protocolaire, encore une riche expérience.


Avec la famille nous découvrons aussi la ville avant de repartir. Ses charrettes à zébus, son marché, sa vie qui bat partout...



Dernière étape avec mon père : Ankify. Après-demain je poursuis seul l'aventure.


Cap plein sud, je rejoins Fort Dauphin où je suis attendu par l'alliance française et son directeur, monsieur Mathias. A peine arrivé le "travail" commence, je suis jury d'un tremplin musical organisé pour la fête de la musique. Le lendemain débutent mes interventions d'une semaine à l'école française de la ville dirigée par Valérie.

Une expérience très riche dans les deux sens grâce à un super investissement des enseignants et des élèves. Chaque après-midi, j'interviens dans différentes classe en réalisant des interventions musicales. Les cours répondent aux besoins des professeurs dans ce domaine et une concertation  a lieu en amont avec eux avant chaque séance. Coder une musique, créer la suite une chanson, sonoriser un conte...

Tous les matins a lieu le projet long sur une semaine avec la classe de CE2/CM1 de madame Alphonsine. Le but est de créer de la musique marimba, des afro-équatoriens. Nous découvrons son origine, ses instruments, nous avançons dans le travail d'écriture pas à pas, apprenons les notions de tempo, de pulsation, de rythme, nous répétons. Arrive le grand jour : l'enregistrement! Très actifs et motivés les élèves enregistrent leurs créations, un CD est offert à chacun d'eux et leur professeur se charge avec eux du design de la pochette et de l'écriture du livret de chants! Le résultat est très honorable, les quatre oeuvres musicales créées par les groupes sont en écoute ci-dessous :  

Les pages de Tolagnaro :
Le marché de Tanambao :
A la gargotte :
A l'école francaise de Fort Dauphin :



La fête de l'indépendance se déroule le 26 juin sur trois jours. Je décide de rester ici plus longtemps et prolonge mon intervention dans une autre école "Les P'tits loups" où je suis, encore une fois,  remarquablement accueilli par la directrice Sherbanoun.

A fort dauphin, on se sent bien. Surtout quand pour aller au boulot une petite marche de vingt minutes nous fait traverser des endroits fabuleux, rencontrer des enfants et des gens curieux...

Les maisons malgaches sont en grande majorité (surtout en brousse) en branches d'arbre, en planches de bois, le ciment coûte très cher...

Dans le cadre de la fête de la musique je joue mes chansons deux soirées de suite dans des hôtels de la ville. Le public est au rendez-vous et je passe de très bons moments avec des musiciens malgaches qui deviennent vite des amis.



Agréable jam-session suite au deuxième concert où notre groupe franco-malgache alors improvisé remporte du succès.


Rigolade avec Joel, guitariste virtuose.

On termine sur les "champs Elysées" interprété par trois élèves.

Ce n'est pas la vigoureuse du Che mais presque, monsieur Mathias, le directeur de l'A.F, part me faire découvrir les environs sur sa moto cross. 
Ça en vaut la chandelle!


Mais pourquoi appelle-t-on Madagascar l'île rouge?

Quasiment deux semaines passées  à Fort Dauphin,je reprends la route pour une durée équivalente. Direction l'extrême sud de Madagascar.
C'est en taxi-brousse, le grand, le vrai, que je rejoins Tsihombe. Le voyage est hallucinant, fatigant, magique! Nous sommes entassés comme des sardines pendant un jour et une nuit pour faire 130 km. Je sympathise avec mon voisin de route, Serge, jeune séminariste, qui m'accueille dans sa famille à notre arrivée.



A croire que nos galettes bretonnes leur donnent l'eau à la bouche!

Tour de la ville et des innombrables cousins et cousines puis dîner chez une de ses tantes.

Court sommeil, à trois heures du matin je monte dans un des deux gros camions qui partent au marché de Faux Cap (Betanty). 
Je pensais être seul à l'arrière, en arrivant je m'aperçois que nous sommes encore plus que dans le taxi-brousse entre les sacs de riz, de manioc, les poules... Très surpris de voir un "vazaha" voyager ainsi mes compagnons de route m'adoptent ensuite assez rapidement. Nous conversons, comme nous pouvons dans la nuit noire et la piste qui défile sous les roues. Tôt le matin le camion me dépose au marché de Faux Cap...


Arrivé à Faux Cap, c'est comme arriver au bout du monde avec en plus une directrice malgache sympa qui a pensé à construire quelques cabanes pour accueillir les quelques hurluberlus s'aventurant jusque là. 

                                          

Dès le premier soir, au large, en compagnie du vieux couple qui m'accueille, j'aperçois sauter les baleines à bosse. Je sens déjà que cet endroit me plaît, il s'y dégage une impression de ... bout du monde.
 Je reste six jours.
Longues promenades sur la plage, nage dans le lagon, rencontre avec les habitants, enregistrements de musiciens, observation des baleines, écriture et lecture...J'aime la lenteur, on en fait plus de choses finalement.
 Quelques morceaux de Zou et son ami. 




Les malgaches sont des musiciens nés, c'est vraiment épatants. Remarquez la guitare rouge qu'il a construit lui-même... Pour un musicien, voyager à Madagascar c'est l'émerveillement constant du talent musical de ce peuple.

Seul problème, des puces m'ont assailli dans le camion du marché et je vais mettre plusieurs jours à m'en débarrasser...

Mais les "mofogasy" (beignets de riz) de mes hôtes me remettent vite d'aplomb.

Un soir, l'un des quatorze fils de la maison, pêcheur, me raconte des histoires de baleines qu'il a vues de très près.  Envoûté je lui demande de m'emmener à la pêche le lendemain pour contempler les cétacés à deux mètres de la pirogue, en échange je m'engage à pêcher et aider aux manoeuvres.

                                          
Départ vers 5h30 du matin, jusqu'à 14h nous pêchons à la ligne sur la frêle mais stable embarcation. Malheureusement les baleines ne sont pas au rendez-vous ce jour-là mais quelle belle aventure!

Temps de détente de plusieurs secondes, mauvais zoom...la seule photo où l'on puisse distinguer une baleine (enfin son dos)...


Un jour le collecteur de langoustes passe par le village et j'en profite pour rallier Cap Sainte Marie, la pointe la plus au sud de Madagascar.

Je m'installe au village de Bevazoa pour quelques jours car il n'y a pas d'habitation au Cap Sainte Marie. Premières nuits en hamacs mais je dors mal et finis par accepter la case du village que les gens me prêtent. Je loge chez l'épicier qui n'est pas là, un voisin le remplace mais n'est pas souvent là non plus. Le soir  je fais donc patienter les gens du village (certains font 5 km pour venir) en attendant le remplaçant. Photographe, magicien, clown, jongleur, musicien, collecteur des contes, je passe de très bons moments avec les clients!
Quelques morceaux de sapic enregistrés un soir devant "mon" épicerie :


 Les journées je pars marcher le long des falaises du cap. Ici la tortue est reine, elle est "fady" pour la tribu des antandroys. Il y en a pleins le long de la piste!


Tiens les daltons!

La vue du cap Sainte Marie est incroyable, je n'en crois pas mes yeux...

                                           

 Les plages à côté sont belles et sauvages, quelques pêcheurs de langoustes rencontrés font cuire des patates douces dans le sable.

Sous mes pieds, des coquilles d'oeuf d'aepyronis, un oiseau endémique gigantesque qui disparut il y a 500 ans victime de la chasse...

Non loin du village de Bevazo, les antandroys érigent de grands tombeaux. J'en photographie quelques uns discrètement car eux aussi sont "fady".


La famille qui me prépara à manger le long de mon séjour.

Le temps passe et je dois rejoindre Tsihombe pour rallier Tuléar et ensuite la capitale.
Encore une fois la famille de Serge m'accueille remarquablement, me nourrit, me fait visiter la ville. J'assiste au jour du marché, toute la ville se transforme en marché, le plus impressionnant est celui des zébus.




Chaque après-midi a lieu un match de foot sur le grand stade, toute la ville s'y rassemble, l'ambiance est survoltée!

Je reste trois jours à Tshiombe pour attendre mon taxi brousse pour Tuléar. Mais un jour c'est le drame...je me prends un panneau (publicitaire!) dans la tête, une belle entaille de trois centimètres m'ouvre le front, direction l'hôpital de la bourgade!
Finalement je ne regrette pas, c'est assez folklo, docteur Justine me fait un point de suture après avoir posé son dindon qu'elle ramène du marché et refuse que je règle les soins! Si, si un dindon, regardez la vidéo prise furtivement en son absence!

Mais les parties de foot, la chaleur des malgaches qui prennent soin du malade, me font oublier tout ça.


Toutefois c'est avec un beau pansement sur la tête que je remonte vers la capitale. 
Voyage incroyable en taxi-brousse jusqu'à Tuléar, totalement irréel, usant, fantastique! 
Nous traversons 450 km de territoire no man's land sur 2 jours et une nuit non stop! C'est un rêve pour tout routard! Arrivé à Tuléar, c'est dans un taxi brousse miniature que je rallie Antananarivo la capitale en faisant de belles rencontres encore. Tout ça ces 4-5 derniers jours c'est sans photo mais le coeur a tout gardé.

Madagascar tu m'as envoûté...

Coin devinettes Madagacar :

1) Je suis le capitaine de 25 soldats. J'ai vécu trois fois au Canada. Une fois au milieu de l'Espagne. Sans moi Paris serait pris et Madagascar n'aurait plus aucun sens. Qui-suis je?

2) On s'en servait comme porte-serviettes dans le salon mais quel est donc cet objet?



Et pendant ce temps au Burundi...

Atterrissage à l’aéroport de Bujumbura, la capitale, où m'attendent ma soeur Myriam, mon frère Benjamin et son amie Elodie...après plus d'un an séparés, nous sommes ravis de nous retrouver...


Debout, assis ou même allongés, nous avons plein de choses à nous raconter.

Dès le lendemain matin, nous partons à la découverte du pays: direction Gitega.
Le Burundi est un petit pays d'Afrique de l'est, voisin du Congo, du Rwanda et de la Tanzanie.


Surnommé, comme le Rwanda, le "pays aux mille collines".


Ces dernières sont très vertes à la fin de la saison des pluies.




Nous sommes accueillis et hébergés par Mélanie, une amie de Myriam.
Petit déjeuner sur l'herbe!


Gitega a beau être la deuxième plus grande ville du pays, elle garde des allures de gros villages.


Le marché aux tissus...


haut en couleurs, de quoi faire tourner la tête!


Les tailleurs font des miracles avec leurs vieilles "Singer".


Un curieux se demande ce qui se passe chez son voisin!



le quartier de Mushasha, au loin.

A quelques kilomètres de là, à Gishora, nous assistons au spectacle d'une troupe de Tambourinaires.
 Nous sommes accueillis par Antime, doyen des tambourinaires et son fils Zacharie.
Ils nous expliquent:
Antime devant une reconstitution de la case du roi

Issue d’une tradition millénaire, jadis initiés de père en fils, les Tambourinaires du Burundi, à l’origine des bergers Hutu au service du roi, exercent musique et danses acrobatiques.


Les relations intimes du tambour avec l’agriculture l’ont associé symboliquement à la fécondité : sa peau est comparable au berceau du bébé, ses chevilles aux seins de la mère, son corps à l’estomac.


Certains rythmes ont gardé leur signification traditionnelle. Ainsi plusieurs rythmes ont rapport à la vie rurale : récolte du sorgho, semailles, hommage à la vache (sacrée au Burundi) ou aux oiseaux.

Au centre les danseurs se relaient.


Dans certains rythmes guerriers, le danseur utilisant ses baguettes comme des glaives, fait le geste de se trancher la gorge, signe de dévouement absolu au pays. Quelques rythmes appellent à la reconnaissance de personnages importants. D’autres louent la paix, le respect, l’unité et le progrès du pays.





Deux enfants d'une petite dizaine d'année sont intégrés à la troupe...


et ont leur place bien déterminée.


Les Burundais de tous âges restent très assidus à la tradition.



A la fin de la représentation, nous avons la possibilité de tester les instruments...pas si simple!


Deuxième étape: Nyanza-lac
à l'extrême sud du pays, au bord du lac Tanganyika.


Le Tanganyika est le lac le plus long (667 kilomètres) et le plus poissonneux du monde.

Nous avons goûté le fameux "mukeke".

Lunch at Blue Bay - Mukeke


Ce lac est si grand qu'on pense être au bord de la mer...







et l'eau est si claire et si bonne qu'on ne résiste pas à la tentation de se baigner...
Mais attention, gare aux crocodiles et aux hippopotames!!!


Troisième étape: la "faille aux Allemands", à la frontière de la Tanzanie, non loin de Rutana.
En effet, avant la première guerre mondiale, le Burundi était une colonie allemande, avant de tomber aux mains des Belges.

En 1914, au début de la Première Guerre mondiale, ce lieu était un poste militaire allemand construit pour contrôler toute la partie orientale du pays. Le plateau de Nkoma sur lequel il a été édifié aurait été, dit-on, "entaillé par les bottes des soldats allemands en fuite devant les forces belges" d'où le nom de
 "faille aux Allemands".

C'est probablement le moment d'expliquer, en quelques mots la situation historique du pays et la responsabilité des colons dans les "crises" de 1972 et de 1993:
Historiquement, l'organisation sociale du Burundi, comme celle du Rwanda, était clanique. 
Les Allemands ont mis fin à ce modèle en procédant en 1889 à un recensement ethnique, selon un critère économique : quiconque possédait 10 vaches ou plus était Tutsi et quiconque possédait 
moins de 10 vaches était Hutu. 
Cette "ethnisation" a été poursuivie, par l’autorité coloniale Belge, qui a choisi de s'appuyer pour gouverner sur la minorité Tutsie en laissant les Hutus dans des emplois subalternes.
 Après l'indépendance en 1962, la différenciation ethnique et économique a persisté. 
On imagine bien ensuite l'origine des tensions qui ont abouti au génocide.



Depuis, ce lieu est devenu un site touristique et n'en demeure pas moins magnifique.


En admirant le paysage, nous découvrons, de l'autre côté de la faille...


des babouins!
Ils sont restés là durant une bonne heure et nous avons eu le privilège de pique-niquer en les observant.


Quatrième étape: Kigozi, près de Kirundo, au nord-est du pays.


Nous sommes accueillis chez des soeurs de la communauté Bene Teresiya.


Un vrai havre de paix, idéal pour se reposer,

un martin-pêcheur




faire des balades dans le village voisin,


et des promenades en barque sur le lac aux oiseaux.


Nous débarquons sur ce petit îlot, pour observer de plus près les oiseaux,


et les oisillons dans leur nid.


Si vous regardez bien, dans l'arbre au fond, il y a de nombreux ibis.


Le soir pour fêter les 25 ans de Benjamin, les soeurs nous proposent leur vin d'ananas pétillant, 
pas mal du tout!


De retour à Bujumbura, chez Myriam.


le lac, toujours là...


offre de beaux couchers de soleil, malgré la brume.



et tout à coup...là....un hippo,


puis deux, puis trois.


C'est une famille qui a l'habitude de venir tous les soirs à la même heure.




Nous rencontrons également les amis de Myriam avec qui nous partageons de nombreuses soirées et jeux.




Et déjà, le séjour de Benjamin et Elodie est terminé. Ils doivent rentrer en France.
Pour moi c'est aussi l'heure de me mettre au travail. Il me reste un mois, que je compte bien mettre à profit pour continuer notre projet éducatif.
Avec l'aide de Myriam et son équipe qui interviennent dans les communes rurales de Bujumbura, pour l'installation de latrines et de forages, je prends contact avec la directrice de l'école de Maramvya.


Boniface, un animateur de l'équipe m'emmène à moto.
C'est à quarante minutes et ce jour là il pleut!


Mais c'est exceptionnelle et je peux admirer le paysage.


Contrairement au reste du pays qui est très montagneux, ici c'est une grande plaine, de grandes étendues de champs, notamment des rizières.


Les vaches sacrées aux longues cornes magnifiques...


et les petits bergers!





Arrivée près des villages, les premières bornes-fontaines apparaissent..


il faut être patient et attendre son tour.

                                                    


Une des réalisations de Myriam et son équipe, à Maramvya, est d'avoir débouché un ancien forage...
quand l'eau jaillit...


ça fait des heureux!!


J'ai aussi la chance d'assister à un atelier de sensibilisation à l'hygiène, avec Diane, une autre animatrice de l'équipe.




En s'appuyant sur des images, elle engage un débat avec les habitants du village. Ensuite face aux problèmes rencontrés liés à l'hygiène, ils vont chercher ensemble des solutions matérielles.


Voilà l'école de Maramvya, dans laquelle je vais intervenir une semaine, juste avant les grandes vacances.


Le premier jour, je suis envahie par les enfants, très curieux de ma visite...

mais petit à petit, ils s'habituent à moi, ils m'appellent "maîtresse" et me reconnaissent dans le village, 
je suis vite adoptée!


Le lundi, nous faisons une réunion avec tous les enseignants de l'école pour déterminer et planifier mes interventions. Les enseignants sont intéressés pour que je leur présente des séances de français. Nous nous mettons d'accord pour nous voir la veille afin de préparer les séances ensemble.


Le français est étudié dès la première année (vers sept ans) mais la surcharge des classes (jusqu'à 90 élèves parfois) entraîne de grosses lacunes inévitables, chez certains élèves.


Je décide donc de proposer des séances de vocabulaires simples, tout en faisant attention à n'utiliser que le matériel à disposition: tableau, craies, quelques feuilles et quelques stylos à partager!



Avec les 3ème année, nous revoyons le vocabulaire lié au village: maison, route, fontaine,
 champs, vache, arbre.
Je propose aux élèves d'imaginer leur village puis nous le décrivons à l'oral en faisant des phrases complètes.



"Dans mon village, il y a une maison, trois arbres, cinq vaches..."
L'enseignant s'intéresse particulièrement à la méthodologie, plus ludique que ce qu'il a l'habitude d'utiliser.


Je poursuis donc le jour suivant, sur le même principe, avec les 4ème année, sur le thème des parties du corps : le fameux jeu du monstre fonctionne toujours à merveille.


Avec les 5ème année nous faisons un jeu de cache-cache d'objet pour retenir les prépositions de position : devant, derrière, sous, sur...


Enfin, avec les 6ème année, nous apprenons à nous présenter, en créant une carte d'identité.




Le dernier jour, j'accompagne deux enseignants et leurs élèves aux champs.


Dans le programme, un nombre d'heure par semaine est réservé à la culture du champs de l'école.


La production est vendue au marché.


Et l'argent est reversé à l'école.


Mais encore faut-il que la direction ne soit pas trop corrompue!



Le week-end arrive. Avec Myriam est son amie Julie, nous décidons de partir à Banga, près de Kayanza,
 à une heure et demi de Bujumbura.


Sur la route.
Dans les montées, la solution est toute trouvée...


surtout si on est chargé pareillement!




Nous logeons à nouveau chez les soeurs Bene Teresiya.
Toujours aussi paisible,



bouquiner avec vue sur les collines,



 faire une belle randonnée dans les alentours...


voilà le programme du week-end.





Pour mes quinze derniers jours, j'interviens à l'institut français.


Pendant les vacances d'été, la section jeunesse de la bibliothèque est transformée en centre de loisir.
Comme il manque de lieu d'accueil pour les enfants à Bujumbura, beaucoup de parents choisissent de déposer leurs enfants à l'institut français avant d'aller travailler. Il savent ainsi qu'ils sont en sécurité!


Mais pour Victor, le seul animateur jeunesse, c'est un vrai casse-tête...


comment gérer jusqu'à 70 enfants, dans un si petit espace.


Je lui offre donc mon aide et essaie tant que possible de lui apporter des conseils d'organisation.


On met en place un atelier pour revoir les règles de vie, dans une bibliothèque...





et surtout, des jeux collectifs dans la cours, pour que tout ce petit monde se défoule un bon coup!



J'ai beaucoup aimer partager mes après-midi avec tout ces enfants.

Dur et magnifique à la fois, le Burundi est un pays très attachant que je garderai dans mon coeur.


Coin devinette Burundi:


Au Burundi, comme dans beaucoup de pays africains, les gens utilisent leur tête pour porter toutes sortes de chose. De quoi s'agit-il ici?

Coin des artistes:

1-Portraits de Burundais (merci Julie pour tes jolies photos)







2- Pour terminer, je vous laisse découvrir Gaël Faye qui a trouvé les mots pour parler de son "Petit Pays":





Nous repartons début octobre pour de nouvelles aventures.
En attendant, un passage en France, bien mérité:  retrouvailles en famille, recherche de subventions et cueillette des pommes sont au programme.


A bientôt